clin d'oeil du Petit Cévenol Egrillard à son ami jardinier
Au coeur du village , dans la Grand Rue , se cache le " Villandry de Vogüé "
Nul n'est besoin d'aller admirer les jardins et parterres des châteaux Renaissance, même le plus célébre : Villandry et ses magnifiques jardins consacrés les uns aux plantes potagères, les autres aux fleurs et plantes aromatiques ou médicinales ; inutile d'aller à Versailles pour admirer la belle ordonnance du Grand Siècle avec ses buis, ses ifs et ses grandes eaux , oeuvre du grand Le Nôtre ; inutile de remonter dans le temps des abbayes médièvales, à l'école des maîtres d 'El Andalus ( pensez à l'Alhambra de Cordoue, à l'Huerta de Mucie ) , eux-même héritiers de la Grèce antique , aux fastes pharaoniques et babyloniens des Jardins Suspendus de la reine Sémiramis, huitième merveille du monde d'alors .
En Ardèche moderne , on a adopté le mot huerta , le "hort " : preuve de son importance , c'était le lopin de terre le plus imposé, encore fallait-il renouer avec la tradition locale et perdue de cultiver son jardin , comme le Candide de Voltaire .
La tradition et son respect ,c'est l'observance du cycle des saisons ; c'est le temps qui commande au jardin , temps passé et temps qu'il fait , non les nitrates et dérivés , le sarclage plutôt que l'herbicide , pensons aux coccinelles plutôt qu'à l'insecticide , les produits de saison plutôt que la culture forcée le buttage et le paillage plutôt que la serre .
Nous voilà conditionnés pour faire un tour au jardin à condition qu'il y ait matière à voir , à s'étonner , à sentir et à respirer "l'authentique".
Osons pousser la porte .....et c'est la vision du Jardin originel d'Eden , l'éblouissement devant la géniale alternance des planches de légumes tirées au cordeau , rehaussées par le coloris de leur feuillage , les massifs alignés de fleurs multicolores , sous la protection de rosiers anciens , couronnés de bouquets odorants .
Continuons à pas mesurés , les allées y sont bordées de chrysanthèmes ( la fleur d'or ) , de plantes aromatiques voire médicinales , sans oublier l'ilôt de verdure ponctué d'arbres fruitiers dûment formatés .
Non vous ne rêvez pas , parce que la féerie du jardin n'est pas éphémère ; le judicieux étalement de la production légumière , de la floraison suit les saisons .
Parfois vous y verrez un homme planté , enraciné dans sa terre , figé au coucher du soleil , grandi par la fierté du travail accompli et du plaisir partagé de nous donner à voir .
L'admiration pour son travail , sa passion de l'art horticole nous pousse à lui dédier l'Ode à Olivier de Serres ," père de l'agriculture française ":
" Et qu'il est beau d'être cet homme
Qui peut se dire , en se couchant
J'ai bien gagné ce soir mon somme
Tout est labouré dans mon champ ..." ( C.Forot )